Le Menuisier

Monsieur Bernard Hervault est né en 1921. Il obtient son certificat d’études primaires à 12 ans, puis prend des cours de dessin avec l’abbé Jacob, à l’école des garçons. Il devient apprenti chez son père à 13 ans et demi, où travaillent déjà deux de ses frères.

À 20 ans, il dirige l’entreprise. Il aurait aimé être horloger, mais n’a pas trouvé de patron pour se former.

Les journées de travail sont longues, de 7h à 20h, voire minuit quand c’est nécessaire. Il n’est bien sûr pas question de vacances, les distractions ne manquent pas cependant.

Monsieur Hervault est un militant de la JAC (Jeunesse agricole chrétienne) ce qui lui permet de s’évader de temps à autre pour participer aux réunions de ce mouvement.

A cette époque, le travail du menuisier s’effectue souvent chez le client, fenêtres et portes se font sur mesure. Les meubles sont fabriqués à l’atelier. Beaucoup de clients fournissent le bois, des arbres des talus : merisier pour les meubles, châtaignier pour les portes et fenêtres, rarement le chêne, utiliser par le charron (charrettes, tombereaux…).

Les outils du menuisier sont très nombreux (marteaux, scies, rabots, varlopes, trusquins…) mais peu encombrants, mise à part l’établi.

La plupart des mariages ayant lieu en septembre, à la Saint-Michel, le menuisier fabrique le mobilier des futurs époux en été (de juin à août) : lits, armoires, tables, chevets. Il fallait 12 à 15 jours environ pour la table. Chaque année, on fabrique une vingtaine de meubles différents.

Novembre et décembre sont consacrés à la tonnellerie, puisque c’est la saison du cidre. On réalise parfois des fûts de 2, 3, 4 ou 5 barriques (une barrique égale 228 l). On cercle les tonneaux à l’aide d’anneaux en bois qu’on ligote avec des lianes en osier. Ce travail de tonnelier est pénible…

Le menuisier doit abattre les arbres, les transporter à la scierie où ils seront débités, puis les tringler pour les faire sécher. A l’air libre, une planche sèche de 1 cm d’épaisseur par an. Aujourd’hui, le séchage s’effectue en deux mois, dans les études.

Treffendel a connu quatre menuisiers avant la guerre. L’emploi de nouveaux matériaux (agglomérés, formica, aluminium, bois exotiques...) la standardisation des mesures et l’apparition de machines modernes, ont considérablement fait évoluer la profession.

Après 50 années de labeur, monsieur Hervault prend sa retraite. Il pense qu’aujourd’hui le travail est moins difficile et plus varié... Mais il ne regrette rien, même si les horloges à l’ancienne le font toujours rêver.