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Le maréchal-ferrant

Borne 10

M. Clément Regnault est né en 1921. A 12 ans, il quitte l’école et devient apprenti chez son père.
À l’époque, il n’existait pas d’école spécialisée et l’apprentissage dure 3 ans et on n’est pas payé. Clément ferre son premier cheval à 13 ans. Il devient patron en 1947, prendra sa retraite en 1986. Le STO lui fera passer 3 ans en Allemagne, dans une usine d’armement.

À la forge, on travaille dur : 6 jours sur 7, de 5h (quand sonne l’angélus) le matin à 19h le soir. On fait une pause d’une heure le midi. Il n’est jamais question de vacances. Quelques fois, Clément va donner un coup de main au forgeron de Saint-Malon, ou à celui de Saint-Grégoire. Dans le premier cas, le trajet à vélo dure 1h, dans le second 2h, et il faut être arrivé pour l’angélus !

Le marteau, l’enclume et le soufflet sont les trois outils de base du forgeron, mais il en existe bien d’autres.

Les travaux varient selon les saisons, mise à part le ferrage des chevaux qui s’effectue tout au long de l’année et presque toujours le matin. On ferre 3 ou 4 chevaux dans la matinée, soit 800 chevaux environ par an. Avant la guerre, on ferrait encore des bœufs de labour.

L’après-midi est consacrée aux travaux des métaux : battre les socs de charrue en automne, la saison des labours.

En hiver, de décembre à février, on entretient le matériel agricole et on fabrique des outils (haches, faucillons, bêches, pattes fiches, faucilles à bois, tracks, …) pour les menuisiers.

Le forgeron remplace souvent le vétérinaire, c’est lui qui saigne un cheval lorsque celui-ci fait un « coup de sang », accident fréquent durant les grands travaux, dû à une alimentation excessive en avoine.
Couper la queue des chevaux fait également partie du travail du maréchal ferrant. Tandis que le paysan tient fermement une planche placée sous la queue du cheval, le forgeron s’aide de cet appui pour trancher net 20 cm de crin... Métier dangereux ?... Non, mais gare aux brûlures, et surtout aux ruades !

Le métier de forgeron a disparu parce que les tracteurs ont remplacé les chevaux, les jeunes agriculteurs ont appris à réparer eux-mêmes leurs outils.

Cependant, monsieur Régnault, qui avait choisi ce métier et ne le regrettera jamais, ferrera encore de temps à autres à un cheval de promenade, un poney ou un âne pendant longtemps.

Extrait du livret "Treffendel au passé simple"

Treffendel au passé simple
Livret de collectage de mémoires sur Treffendel réalisé en 1996 par René Jet, instituteur à l’école Saint-Malo.